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loulou-480, Posté le dimanche 17 mai 2015 18:54
J'ai commencé à taper cet article le dimanche 17 Mai 2015 et non pas le lundi 18 Mai 2015.N'y faîtes pas attention,d'accord?^^
pattybijoux, Posté le vendredi 22 mai 2015 15:48
Angélus
I
Tapi dans les rochers qui regardent la plage,
Au pied de la falaise est le petit village.
Sur les vagues ses toits ont l’air de se pencher,
Et ses mâts de bateaux entourent son clocher.
C’est en mai. - L’Océan, dans ces belles journées,
A l’azur tiède et clair des méditerranées.
Il chante, et le soleil rend plus brillante encor
Son écume glissant le long des sables d’or.
L’odeur du flot se mêle aux parfums de la terre
Et, là-bas, le petit jardin du presbytère,
A mi-côte, est rempli de fleurs et de rayons.
Blond, rieur et chassant aux premiers papillons,
Un bel enfant y joue et va, sur la pelouse,
Du vieux prêtre en soutane au vieux bonhomme en blouse
Qui sont là, l’un disant ses prières tout bas,
L’autre arrosant des fleurs qu’il ne regarde pas,
Car pour mieux voir l’enfant, qui court dans la lumière,
L’un néglige ses fleurs et l’autre sa prière ;
Et tous les deux se font des sourires joyeux.
Le prêtre est le curé de l’endroit ; l’autre vieux
En est le fossoyeur. Le premier dans sa cure
Mène depuis vingt ans sa douce vie obscure.
Ce juste a fait le bien, ainsi qu’il l’a prêché,
Et se laisse appeler bonhomme à l’évêché,
Sans s’étonner et sans que son zèle en décroisse.
Comme le cimetière est près de la paroisse,
Qu’il est bien seul, qu’il aime à deviser un peu
En se chauffant les pieds, le soir, au coin du feu,
Et comme il n’entend rien aux choses maritimes,
Le fossoyeur et lui sont devenus intimes.
Car c’est, à la campagne, un causeur assuré
Qu’un soldat vétéran auprès d’un vieux curé.
Celui-là, revenu dès longtemps au village,
Invalide vaincu par la guerre et par l’âge,
Trop vieux pour devenir laboureur ou marin,
Est fossoyeur, et chante, aux grands jours, au lutrin.
Or, c’est un compagnon agréable au vieux prêtre,
Disant trop longuement ses batailles, peut-être,
Mais résigné, naïf, n’engendrant point l’ennui,
Et que le curé sait doux et bon comme lui.
Tous deux s’aiment. Et quant au bel enfant qui joue,
Le ciel dans le regard, l’aurore sur la joue,
Et pour lequel ils ont ce sourire attendri,
C’est Angelus, l’enfant trouvé, leur fils chéri.
Ces cheveux blonds au vent sont la dernière flamme
Qui se reflète encore au miroir de leur âme ;
Et, parmi les bleuets et les coquelicots,
Ce bon rire aux éclats vibrants et musicaux
Leur fait une vieillesse encore ensoleillée.
Car naguère ils étaient bien seuls, et la veillée
Leur semblait longue. Assis près de l’âtre et rêvant,
Tandis qu’ils écoutaient les longs sanglots du vent
Et la mer se brisant aux rochers des presqu’îles,
Un nuage passait sur leurs âmes tranquilles.
La causerie avec le foyer s’éteignait.
Le vieux prêtre fermait son livre, et se signait
Comme contre un désir coupable et qu’on repousse ;
Le vétéran vidait sa pipe sur son pouce ;
Et tous deux se taisaient, songeant qu’ils étaient seuls
Et que tous ces vieux morts, cousus dans leurs linceuls,
Qui venaient réclamer de l’un une prière
Et de l’autre un trou noir au fond du cimetière,
Avaient du moins autour de leur pauvre cercueil
Des femmes qui pleuraient et des enfants en deuil ;
Que ces gens se faisaient répéter la promesse
Que l’on n’oublierait rien, ni les fleurs, ni la messe :
Et qu’eux, lorsqu’ils seraient à jamais endormis
Sous terre, ils n’auraient point de parents ni d’amis
Pour arracher l’ortie et la ronce mauvaise
Frissonnant sur leur tombe au vent de la falaise.
Un soir le fossoyeur, d’un ton mal assuré
Et les deux mains au feu, dit :
« Monsieur le curé,
Puisque vous savez tout, vous devriez me dire
Ce qui fait qu’aujourd’hui nous ne pouvons pas rire ;
Cependant, sans avoir besoin d’être indulgents,
Nous pouvons nous donner comme deux braves gens.
Je ne sais rien, c’est vrai ; que le bon Dieu m’assiste !
Mais pourquoi notre c½ur, étant pur, est-il triste ? »
- C’est vrai, » dit le curé.
Puis, après un moment
De silence, il reprit ; bas et timidement :
« Oui, nous avons rendu, malgré la chair fragile,
A César comme à Dieu ce que veut l’Évangile,
Et nous n’avons ni l’un ni l’autre fait le mal.
Nos c½urs sont innocents comme au jour baptismal ;
Rien ne les assombrit et rien ne les déprave,
Le mien étant pieux et le vôtre étant brave.
Priant pour les vivants et prenant soin des morts,
Nous vieillissons ici, calmes et sans remords.
Et pourtant notre vie est triste !
- Au point, dit l’autre,
Que vous, monsieur l’abbé, vous, plus saint qu’un apôtre,
Je vous ai vu jeter, dans vos jours de souci,
Un regard envieux aux plus pauvres d’ici.
- Le pêcheur, dit le prêtre, heureux parmi les hommes,
N’a pas du laboureur les ennuis économes ;
Il a la mer ; il a sa plage de galets
Pour prendre du varech et sécher ses filets ;
Et, si les flancs épais de sa barque normande
Regorgent de saumon, de congre ou de limande,
Oublieux du péril auquel il s’exposa,
Il revient tout joyeux à son feu de colza,
Sans penser que demain il faut qu’il recommence
Sa bataille éternelle avec la mer immense,
Et pose à son retour des baisers triomphants
Sur les fronts inégaux de ses petits enfants.
Un enfant ! C’est cela qui nous manque peut-être.
Nous n’avons pas d’enfant, hélas !
Et le vieux prêtre
Reprit, en tisonnant tout doucement son feu :
« Tous les moyens sont doux, ami, de plaire à Dieu.
Il est doux d’obéir, d’être humble et d’être chaste ;
Mais notre c½ur humain est-il donc si peu vaste,
Que la patrie et Dieu, dans ce c½ur enfermés,
N’y puissent laisser place à des êtres aimés ?
Pourtant Dieu, c’est l’amour. lisait bien que nous sommes
Aimants ; et puis c’est grand, cela : faire des hommes.
Vivre au milieu de fils chrétiens, c’est aussi beau
Que servir un autel ou défendre un drapeau.
Ce doit être un devoir bien plus lourd qu’on ne pense,
Oui, mais qui porte en lui sa chère récompense.
Nous n’avons pas d’enfant, voilà !
? Certainement,
Dit l’autre. Quand j’étais encore au régiment,
Et quand, les pieds meurtris aux cailloux des montagnes,
Je m’en allais coucher chez les gens des campagnes,
Qui m’accueillaient fort mal et n’avaient d’autre soin
Pour moi que de passer leur fourche dans le foin,
Parfois, en attendant qu’on fît de la lumière,
J’ai vu de beaux enfants jouer dans la chaumière,
Et je leur ai souri. Mais il fallait passer
Sans leur dire un seul mot et sans les embrasser,
Et s’en aller dormir sur son sac, dans la grange.
Mais ces fois-là j’étais plus las, et, c’est étrange,
Je repartais le c½ur plus sombre. »
Et, soupirant,
Ils restèrent au coin de leur foyer mourant,
Sans entendre, du fond de leur pénible rêve,
Se lamenter au loin l’Océan sur la grève.